En octobre 2025, le Museum Requien, musée d’histoire naturelle d’Avignon, a présenté plus de 6000 spécimens sélectionnés parmi les 1,2 millions de ses réserves. Au sein de l’église des Célestins, la muséographie de Joseph Jacquin-Porretaz, Conservateur du Museum et biologiste, joue l’accumulation et les associations.
Cette série photographique propose moins de rendre compte du déballage saisissant et intelligent du conservateur que de faire état de ma mélancolie : l’exposition navigue entre l’arche de Noé (bien qu’incomplète, l’accumulation des espèces invite à prendre la mesure de la diversité des formes de vie et l’urgence de leur préservation) et l’avertissement crépusculaire de l’anéantissement de ces dernières.
Tevah, nom hébraïque d’origine égyptienne de l’arche biblique, signifie autant bateau que coffre, boite ou cercueil. Qu’est-ce qu’un museum d’histoire naturelle sinon, en premier lieu, le sarcophage de collectionneurs ou d’amateurs de cabinets de curiosité ? C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai joint aux portraits des spécimens ceux du musée Lapidaire : des têtes d’hommes et femmes de l’antiquité dont l’inquiétude traverse jusqu’à nous l’ombre du passé.
Le Versant Animal de Jean-Christophe Bailly a joué un rôle majeur dans le parti pris des lumières, du cadrage et de l’assemblage des images. Les animaux, les hommes et femmes de l’antiquité jaillissent de la nuit et déclinent l’infinité des façons d’être, de vivre et de penser : L’oiseau comme s’il était l’âme d’un Etrusque¹.
¹ Extrait de la VIIIème élégie de Duino citée par Jean-Christophe Bailly (p. 43, éditions Bayard, 2007).
Les tirages sont limités à 10 exemplaires, réalisés sur du papier Infinitiy Rag Photographique Mat de Canson.